19 Mar Retour sur l’audit énergétique avec Jérémy Ballier
Retour sur l’audit énergétique avec Jérémy Ballier

L’équipe du Pole Audit chez ENERGIE AUDIT
De gauche à droite : Louis, Mattéo, Jérémy, Brice ( Assistant), Hugo et Jérémy BALLIER
Continuez-vous à réaliser des audits en 2025 ?
Oui tout à fait, l’activité a été développé depuis 2023.
Avez-vous obtenu la certification audit et une qualification RGE ?
Je suis resté en probatoire jusqu’à fin février 2025, mais comme nous avons obtenu les qualifications OPQIBI 1911 et OPQIBI 1905, je n’ai pas eu besoin de repasser la certification audit.
Au départ, j’étais diagnostiqueur immobilier. Face à l’explosion de la demande en début 2023, j’ai décidé de structurer cette activité en recrutant progressivement quatre ingénieurs thermiciens.
En fin d’année 2023, nous avons obtenu la qualification RGE 1911 pour les audits énergétiques des maisons individuelles, suivie quelques mois plus tard par la qualification 1905 pour les bâtiments tertiaires et collectifs. L’agrément Mon Accompagnateur Rénov’ a également été obtenu, non sans difficultés. En parallèle, nous sommes devenus auditeurs pour la région Normandie.
En Normandie, un dispositif spécifique, le Chèque Éco Énergie, permet aux demandeurs de bénéficier d’un financement de 800 € en 2024 et de 600 € en 2025 s’ils font appel à un auditeur conventionné. Ces audits étant plus poussés que les audits classiques, nous avons dû monter en compétences en suivant des formations spécifiques, notamment sur la ventilation et le bâti ancien. Nous avons aussi visité plusieurs chantiers d’artisans rénovateurs BBC et participons régulièrement aux petits-déjeuners techniques du Club des Rénovateurs Normands, un cadre d’échanges très enrichissant avec des rénovateurs et d’autres auditeurs conventionnés.
Considérez-vous cela comme une réussite professionnelle ?
Plutôt comme une orientation stratégique bien pensée. J’ai parié sur l’audit énergétique et, avec du recul, je pense que c’était la bonne décision. Il faut néanmoins rester en veille et en constante remise en question.
Notre structure a considérablement évolué.
En 2023, je me suis associé avec Henry Cavelan, ce qui nous a permis de nous structurer davantage, de repenser notre charte graphique et de solidifier notre organisation. Aujourd’hui, notre société compte 16 salariés. Je passe beaucoup moins de temps sur le terrain qu’avant, même si j’essaie de me dégager du temps pour réaliser des audits énergétiques, puisque cela me passionne. Nous avons également plusieurs projets en développement.
L’harmonisation des audits énergétiques a-t-elle changé votre activité ?
Oui, sans aucun doute. Je n’ai jamais réalisé d’audits sous Th-CE-Ex, uniquement en 3CL, et cette harmonisation a considérablement augmenté le volume d’audits effectués.
Réalisez-vous encore des audits réglementaires ?
Oui. Nous avons cinq diagnostiqueurs immobiliers, dont deux étaient initialement certifiés auditeurs. Aujourd’hui, ils bénéficient de la qualification RGE de la société. Environ un tiers des ventes nécessitent un audit énergétique, pris en charge par ces deux diagnostiqueurs. Pour les autres types d’audits (travaux, Mon Accompagnateur Rénov’), ils sont réalisés par nos ingénieurs thermiciens.
Pensez-vous toujours que l’auditeur devrait être mandaté par l’acquéreur ?
Avec du recul, je constate que très peu d’acquéreurs nous sollicitent pour réaliser des travaux, même si la mise en place de Mon Accompagnateur Rénov’ a légèrement modifié cette tendance.
Nous avons remarqué que les audits commandés par les propriétaires aboutissent bien plus souvent à des travaux, grâce notamment aux nombreuses aides disponibles (ANAH, régionales, départementales et locales). En revanche, les acquéreurs manquent d’informations sur ces dispositifs et passent souvent à côté de ces opportunités. Nous annexons donc à nos audits un communiqué indiquant que nous pouvons les assister en qualité de MAR pour obtenir des aides.
Quel bilan tirez-vous de ces deux années ?
Un bilan positif. L’audit énergétique, auparavant réservé aux bureaux d’études, s’est ouvert à d’autres professionnels. Cependant, la qualité des audits reste très hétérogène. Certains diagnostiqueurs réalisent un excellent travail, tandis que d’autres se contentent d’un audit de mauvaise qualité, sans déplacement sur site, sans analyse des pathologies du bâti, et avec des recommandations générées automatiquement, incluant parfois des chiffrages approximatifs sans prise en compte des travaux induits.
Du côté des bureaux d’études, certains réalisent un travail sérieux, mais d’autres sont clairement liés à des intérêts commerciaux (MAR, entreprises de travaux). Certains audits ne respectent pas la grille de contrôle RGE, ce qui nuit à la fiabilité globale de la profession.
Pensez-vous que la nouvelle certification va améliorer la situation ?
En Normandie, j’ai observé une forte baisse du nombre de diagnostiqueurs certifiés auditeurs. Alors qu’ils représentaient 30 à 40 % auparavant, ils sont aujourd’hui moins de 10 % à avoir renouvelé leur certification jusqu’en 2030/31.
Toutefois, des formations sont en cours. Un confrère m’a récemment indiqué qu’une douzaine de diagnostiqueurs étaient en formation pour passer la certification audit. À terme, nous pourrions atteindre environ 20/25 % de diagnostiqueurs auditeurs certifiés.
Concernant les bureaux d’études, certains se sont développés à grande échelle. Des cabinets de diagnostics ont également tenté d’obtenir la qualification OPQIBI 1911, mais sans les diplômes ou l’expérience requise, cela reste un défi.
Voyez-vous une inégalité entre les contrôles des diagnostiqueurs et ceux des bureaux d’études ?
Oui. Les contrôles sont devenus plus stricts pour les diagnostiqueurs, alors que dans les bureaux d’études, un seul référent technique peut encadrer jusqu’à dix collaborateurs, ce qui pose un vrai problème de fiabilité pour les BE peu scrupuleux. Cela ouvre la porte à des pratiques contestables, surtout pour les structures cherchant à optimiser leur rentabilité.
Il est essentiel d’harmoniser la qualité des audits, car certaines pratiques ne respectent pas les normes, notamment avec des audits réalisés sans numéro ADEME ou sans prise en compte des pathologies du bâti ancien.
Quels seraient, selon vous, les axes d’amélioration de l’audit énergétique ?
La formation sur le bâti ancien est un enjeu majeur. En Normandie, nous sommes particulièrement vigilants sur ce point, mais ce n’est pas le cas partout. Les formations et certifications coûtent déjà cher, mais un accès facilité à des ressources spécialisées permettrait de rehausser le niveau global des audits, cependant il est à la portée de beaucoup de professionnels de pouvoir se perfectionner ce qui pour moi est un devoir afin de proposer un service de qualité.
Avez-vous quelque chose à ajouter ?
Au début, les bureaux d’études étaient sceptiques face à l’arrivée des diagnostiqueurs dans le domaine de l’audit énergétique. Aujourd’hui, beaucoup reconnaissent que certains diagnostiqueurs réalisent un travail de grande qualité.
L’activité est en pleine croissance, notamment depuis janvier 2025 avec l’intégration des DPE classés E.
En parallèle, nous développons notre expertise sur les Plans Pluriannuels de Travaux (PPT). Insatisfaits des logiciels existants, nous avons conçu notre propre outil, PPT Immo. Après plusieurs phases de tests, nous prévoyons de le commercialiser et le proposer à nos confrères, qui sont déjà nombreux à nous solliciter. Le lancement devrait avoir lieu d’ici un ou deux mois.